PORTRAIT – BAMBA LE MESSSAGER

«Homme de son temps», comme le décrit Ahmeth Khalifa Niasse, Mamadou Bamba Ndiaye, à l’état civil, laisse derrière son amour de l’Islam, son dévouement envers sa collectivité, son engagement envers sa famille et son courage devant l’adversité. «Bamba était un self made-man qui s’est construit lui-même. Il représente la catégorie éclairée des arabisants du Sénégal, c’était un avant-gardiste», témoigne le «grand frère», Ahmeth Khalifa Niasse. Le marabout-politicien a vu éclore les prémisses de l’engagement religieux de son «jeune frère», Bamba Ndiaye. «Il était un enseignant et un syndicaliste engagé. C’était un ami de mon défunt petit frère Sidy Lamine Niasse qu’il a rejoint prématurément dans l’Au-delà. Bamba me considérait comme son propre grand-frère et venait fréquemment à la maison. Sa mort est une grande perte pour le Sénégal et l’Islam», pleure Ahmeth Khalifa Niasse,

Bamba Ndiaye, c’est l’histoire d’un homme ordinaire au teint noir, au phrasé millimétré et à la gestuelle civilisée. Islamologue hors-pair, il a fréquenté les plus prestigieuses universités du monde arabo-musulman, notamment la très respectée université Al-Azhar du Caire en Egypte. L’homme était d’une courtoisie exquise qui savait mettre les points sur les i. Même quand il s’est agi de la fermeture des mosquées décidée par l’Etat du Sénégal pour éviter la propagation du virus, Mamadou Bamba Ndiaye avait élevé la voix, en prônant une réouverture «encadrée» des lieux de culte, corroborée par le respect strict des mesures barrières contre le Covid-19. Affable et disponible, il apportait toujours sa science sur les plateaux télés, radios ou dans les colonnes des journaux, avec une dextérité orale dont lui seul avait le génie.

Bamba Ndiaye, journaliste, communicant, était de cette race d’intellectuels dont le Sénégal se glorifiait des vastes connaissances de l’Islam. Sous le régime de Wade, il a eu même à occuper le poste de ministre en charge des Affaires religieuses. Mamadou Bamba Ndiaye Ndiaye, c’est aussi la vie «mouvementée» d’un religieux qui a fait «école» avec le défunt Mollah de Sacré-Cœur et Pdg du Groupe Walfadjiri, Sidy Lamine Niasse. «C’était un homme modéré, mais qui connaissait très bien le salafisme, pleure Ahmed Khalifa. Bamba, c’était le portrait craché de mon frère Sidy Lamine Niasse.» Son ami d’hier, qu’il a rejoint. Pour toujours.

Cette disparition brutale prive le pays d’une voix et d’une conscience lucides, celle d’un homme qui a bien appris le Coran et la langue arabe, mais aussi la langue de Molière, ayant fait ses humanités au département d’arabe de l’université de Dakar

PARCOURS

Cette disparition brutale prive le pays d’une voix et d’une conscience lucides, celle d’un homme qui a bien appris le Coran et la langue arabe, mais aussi la langue de Molière, ayant fait ses humanités au département d’arabe de l’université de Dakar.

Bamba Ndiaye s’est engagé, assez tôt en politique, en tant qu’étudiant et a milité dans  des groupes communistes et socialistes comme la ligue communiste des travailleurs(LCT) d’obédience trotkyste, Xarebi(ancêtre de And-Jef,si on peut dire) et le parti de Mamadou Dia(MSU).

Il finira par créer son propre parti :SELAL. Il a été élu député, à deux reprises en 2001 et 2007.

Nommé porte parole du gouvernement par Abdoulaye WADE, il sera ensuite propulsé au rang de ministre chargé des affaires religieuses.

L’homme a aussi beaucoup travaillé dans les ONG humanitaires auparavant ;

Il  a travaillé à l’étranger, pendant 7 ans, 1 an à Dubai et 6 ans au Maroc où il s’est illustré dans le journalisme.

Métier qu’il a aussi exercé au Sénégal  dans la presse écrite et audiovisuelle.

A L’ÉVIDENCE, il a été un homme multidimensionnel, passionné de culture islamique et enseignant dans l’âme.

Ce fut, d’ailleurs son premier métier qu’il a exercé quelques années  dans les régions, notamment en Casamance.

La disparition de Mamadou Bamba Ndiaye va laisser un grand vide  dans la communauté des islamologues sénégalais où sa voix a toujours compté pour éclairer   les débats et esquisser des approches validées par l’analyse des textes majeurs qui font autorité chez les Oulémas musulmans les plus réputés.

Bamba Ndiaye était érudit et pédagogue, formé à l’Ecole normale Supérieure de Dakar, en tant qu’enseignant, après l’obtention de son diplôme au département d’arabe de l’université de Dakar.

Il savait donc  bien présenter les questions, les disséquer pour mettre en exergue les lignes de crête qui méritaient attention et examen approfondi.

Ni pédantisme, ni obscurantisme !

La voix de la Raison  pour une analyse percutante et enracinée dans les enseignements authentiques de l’Islam.

Bamba Ndiaye était d’abord et avant tout un homme de foi, ouvert et donc généreux et fraternel.

Témoignage DE : Moustapha Mamba Guirassy

Je n’ai pas assez de mots pour dire toute ma peine et ma tristesse suite au rappel à  Dieu de mon frère et ancien collègue de gouvernement Mouhamed Bamba Ndiaye, ancien ministre des Affaires Religieuses sous Wade.

Je m’incline devant la mémoire de l’Homme et retient de lui ses combats pour la spiritualisation de l’action étatique. Il a été une icône de l’Islam, cet islam qui n’est ni élitiste ni exclusiviste, mais un Islam qui parle aussi bien le langage du cultuel que de l’économique, du social, de l’environnemental, du politique….

Il a par son intelligence, son courage et sa générosité grandement participé à « décomplexer » beaucoup de cadres et autorités du pays qui voyaient le monde à partir d’un prisme qui excluait la prise en compte de leurs convictions profondes surtout celles spirituelles ou religieuses.

Je retiens de l’Homme ses efforts de recherche permanents son Ichtihad comme le recommande le Très-Haut qui lui permettaient de partager avec ses compatriotes des thèses religieuses pesées, sous-pesées et tamisées. Dans un contexte d’Islamophobie où l’Ivraie a tellement été semée dans le champ de cette belle religion, un Homme comme Mouhamadou Bamba Ndiaye aidait beaucoup à l’arracher du champ des discours et à ressemer le bon grain pour le bonheur de nos compatriotes et de l’Islam en général.

Il était engagé ! Il était un grand serviteur de la Nation ! Il était un Messager ! Était-ce pour cela qu’il avait créé son hebdomadaire « le Messager » qui lui permettait aussi de diffuser et d’impacter plus largement sa Umma et son peuple ? Peut-être bien.

Toute âme goûtera à la mort. Mais il est des âmes qui sont éternelles. La sienne en fait partie.

Puisse Allah, qu’il a durant toute sa vie, adoré, lui faire miséricorde et l’introduire au Paradis dans la Cour des rapprochés du Prophète Mouhamed (PSL).

Nous savons qu’aucune parole ne peut atténuer la tristesse de la Nation sénégalaise.

Qu’elle reçoive tout simplement mes condoléances. Dieu seul sait combien il nous manquera dans un contexte de crise de sens où la sagesse et le spirituel seuls sont lumière, guidée et salut. 

Mes condoléances les plus sincères à la famille du disparu, aux chefs religieux ainsi qu’à tout le peuple sénégalais.

Il s’est éteint le 03 Juillet 2020 à l’âge de 71ans…Repose en paix.

 

Abdou Samad Ndiaye

 

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